« Je souhaite participer à la construction de nouveaux projets éducatifs fondés sur la notion de plaisir »

Elève normalien en deuxième année du master Humanités porté par l'Ecole normale supérieure - PSL et l'Ecole nationale des chartes - PSL, Victor nous décrit son parcours académique, sa passion pour la poésie et son envie d'enseigner afin de transmettre ses connaissances.

Étudier le latin, s’inspirer de Spinoza, se passionner pour Corbière… Déjà poète et auteur, Victor est un élève normalien en deuxième année du master Humanités, qui laisse libre court à son amour des Lettres.

Excellent élève de Terminale d’un lycée montpelliérain, Victor a de bons résultats dans les matières scientifiques. Sans idée encore précise des études qu’il souhaite faire, il se renseigne et se laisse convaincre qu’il est fait pour une classe préparatoire économique. En découvrant son affectation, il réalise soudain qu’il s’agit d’une erreur et décide de façon instinctive de changer d’orientation. Il opte in-extremis pour son deuxième vœu sur la liste : la classe préparatoire littéraire du lycée Joffre.
« Mes parents ont été surpris, un peu inquiets sans aucun doute, mais ils m’ont fait confiance. J’aimais les matières littéraires depuis tout petit, cependant j’étais bien meilleur en Sciences qu’en Histoire et je n’avais presque jamais fait de latin. C’était un pari un peu fou guidé par l’intuition que j’allais m’y plaire. »

Un pari réussi ! A l’issue de trois années de classe préparatoire, Victor se classe dixième du concours de l’ENS en 2018.
« Au sein de la prépa, j’ai bénéficié d’une ambiance très sereine, nous n’étions pas dans la rivalité excessive. Nos cours, nos professeurs, tout était passionnant. Je me suis révélé et j’ai réellement pris plaisir à faire beaucoup de latin, à découvrir la littérature en profondeur... J’ai découvert l’ENS à la fin de ma première année, lors d’une présentation sur les débouchés possibles. J’avais toujours voulu enseigner et l’Ecole Normale correspondait exactement à ce que je voulais faire. On m’a averti du caractère intimidant et hautement compétitif du concours, mais je n’avais pas d’a priori et j’ai su conserver cet état d’esprit. J’ai cubé, j’ai été bien classé au concours. J’ai choisi d’intégrer l’école de la rue d’Ulm car, Paris, littérairement c’est exquis ! »

Devenu élève normalien, Victor choisit le master « Humanités » dirigé par Dominique Combe dont il connaît les travaux sur la théorie littéraire, la poétique et les relations entre littérature et philosophie. En deuxième année, au sein du parcours « Littératures : théorie, histoire », il réalise un mémoire sur Tristan Corbière, poète français de la fin du XIXe siècle, sous la direction de Dominique Combe.
« Je connaissais l’œuvre de Tristan Corbière grâce à l’une de mes profs de prépa qui nous avait suggéré sa lecture. J’avais tout de suite accroché avec le style de son unique recueil Les Amours Jaunes. C’était drôle, sombre et extraordinaire. J’avais également lu, à cette occasion, quelques articles que Dominique Combe avait écrit à son sujet.   L’étudier à nouveau en master a été une évidence et un vrai plaisir. J’ai non seulement bénéficié d’un très bon directeur, mais également d’un cadre exceptionnel. L’ENS nous donne une grande liberté et le master nous invite à nous affranchir des champs disciplinaires. L’approche philosophique m’a permis, par exemple, de mieux entrevoir des notions comme l’identité et l’anonymat. Ces idées m’ont servi d’accroches pour mon mémoire et j’envisage aujourd’hui de poursuivre ma réflexion en menant très probablement une thèse sur cet auteur. »

Un projet de thèse sur Tristan Corbière, une année d’étude à l’Université Columbia à New York, puis l’agrégation de lettres modernes ou de philosophie, prochainement   un roman…les perspectives de Victor sont multiples et réjouissantes. D’ailleurs, il travaille d’ores-et-déjà sur la parution d’un recueil de poèmes dans une échéance rapprochée… Comme un fil rouge à ces occupations multiples, Victor rappelle aussi sa volonté de transmettre et partager ses connaissances. Tous les quinze jours, comme d’autres élèves normaliens, il consacre trois heures à enseigner la littérature générale à des élèves de première de lycées de Meaux et d’Aubervilliers, et donne par ailleurs des cours de soutien à des collégiens. Un engagement qui l’anime et qui se nourrit de philosophie :
« Enseigner ou donner des cours de soutien m’aide à apprendre. J’ai été très marqué par la philosophie éthique de Spinoza qui énonce en substance, et très sobrement : les choses que l’on aime sont les choses qui nous grandissent, et les choses que l’on n’aime pas sont celles qui nous réduisent. J’ai vu trop d’élèves en Khâgne souffrir parce qu’ils étudiaient des matières qui ne leur plaisaient pas ou ne leur convenaient pas. Moi-même j’ai fait l’expérience de l’une et l’autre situation. Je suis fermement convaincu que l’épanouissement et la créativité sont deux notions qui devraient être au centre des politiques d’apprentissage et j’espère bien un jour pouvoir y apporter ma contribution. »

Les choses que l'on aime sont les choses qui nous grandissent, et les choses que l'on n'aime pas sont celles qui nous réduisent


Victor vient de publier son premier recueil de poésie ; plus tard il exercera sans doute en tant qu’enseignant à l’université, et peut-être au collège, afin dit-il « de participer à la construction de nouveaux projets éducatifs plus fondés sur la notion de plaisir. » On souhaite à nos enfants d’apprendre à mêler savoir, éthique et poésie à ses côtés pour une plus belle philosophie de vie.

 

 Un ensemble de 7 poèmes intitulé Les grandes pertes - Victor Malzac