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Master « Mathématiques et applications » : dépasser les frontières disciplinaires pour former les experts et chercheurs de demain

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Pour la rentrée 2018, l’Université PSL lance le Master « Mathématiques et applications », fruit de la collaboration entre l’ENS, Paris-Dauphine, l’EHESS, MINES ParisTech et l’Observatoire de Paris. Focus sur cette nouvelle formation de pointe en mathématiques fondamentales et appliquées, au travers de l’interview de Marc Hoffmann (Paris-Dauphine) et Patrick Bernard (ENS), responsables du Master.

Patrick Bernard (ENS) et Marc Hoffmann (Paris-Dauphine) dans l'espace Henri Cartan de l'ENS

PSL :  Le Master Mathématiques et applications de l’Université PSL ouvrira en septembre 2018. Pourquoi avoir créé cette formation ?

Patrick Bernard : Notre volonté est de créer un Master qui englobe l’ensemble des Mathématiques, depuis les Mathématiques dites « pures » jusqu’aux Mathématiques appliquées et même professionnalisantes. Ces deux dimensions des mathématiques se sont enrichies mutuellement dans l’histoire, mais sont aujourd’hui souvent séparées dans la structuration des laboratoires de recherche et des enseignements. Notre pari est de les rassembler et de proposer une formation centrée autour des mathématiques et offrant des cours théoriques de haut niveau ainsi qu’une diversité de débouchés professionnels.
Marc Hoffmann : Oui, car le développement des outils algorithmiques couplé aux connaissances pointues en Mathématiques sont aujourd’hui très valorisés dans le monde professionnel. A la faveur de l’Université PSL, ce Master réunit entre autres deux grands centres de recherche en Mathématiques de haut niveau : le CEREMADE de l’Université Paris-Dauphine pour les Mathématiques appliquées et le laboratoire DMA de l’ENS pour les mathématiques fondamentales. Une alliance importante qui n’allait pas de soi.

PSL : Est-ce cette alliance qui fait la spécificité du Master ?

PB : Oui et non. Elle le rend spécifique, mais ce qui fait la réelle spécificité du Master et la principale raison qui devrait motiver un étudiant à nous soumettre sa candidature, c’est que cette formation offre une porte d’entrée dans la communauté mathématique francilienne.
MH : En effet, en Mathématiques la communauté joue un rôle très important et il existe beaucoup d’interactions entre laboratoires, universités et centres de recherche. Pour un étudiant du Master, travailler étroitement avec les laboratoires de l’ENS, de Paris-Dauphine et des MINES ParisTech, par exemple, signifie aussi être en interaction avec l’ensemble de la communauté mathématique francilienne (soit les laboratoires de Saclay, de Sorbonne Université (UMPC) … ).
PB : Sans oublier que le Master est également lié au grand programme de recherche PSL-Maths lancé en 2017 afin de réunir l’ensemble des mathématiciens de PSL et d’encourager les relations interdisciplinaires. Concrètement, pour un étudiant, c’est une opportunité d'interagir avec des astrophysiciens, des biologistes, des chimistes… dont les disciplines dialoguent constamment avec les Mathématiques.   

PSL : On comprend à votre réponse l’importance du lien avec la recherche. Comment s’établissent concrètement pour un étudiant les relations avec les laboratoires de recherche ? Comment se répartissent les lieux d’enseignement ?

La formation par la recherche est essentielle :  à partir du moment où les étudiants s’emparent d’une question, ils révèlent leur potentiel et sortent d’une approche scolaire pour vraiment s’approprier la matière et développer leurs appétences.

MH : Pour commencer par le plus facile, la répartition des lieux d’enseignement est extrêmement simple, malgré les différents établissements impliqués. Elle se fait en fonction des parcours choisis : les étudiants en M1 parcours Mathématiques fondamentales ont cours à l’ENS ; ceux des M1 parcours mathématiques appliquées ou Mathématiques approfondies, à Paris-Dauphine. En deuxième année, les parcours professionnalisants sont entièrement enseignés sur le site de Paris-Dauphine. Le parcours MASH se déroule quant à lui à l’ENS, avec quelques cours à l’Observatoire de Paris et à MINES ParisTech, donc dans un périmètre géographique assez restreint.
PB : Le lien avec la recherche et les laboratoires est presque une évidence. Chaque enseignant est un chercheur et nos bureaux et les espaces de cours sont à proximité.  Il n’est pas toujours évident pour un étudiant de franchir la porte d’un labo ou de nos bureaux, alors nous les aidons à franchir le pas.  
MH : A l’horizon 2019, nous allons mettre en place une Unité d’enseignement (UE) recherche durant laquelle les étudiants en parcours Mathématiques approfondies et Mathématiques appliquées mèneront tout au long d’un semestre un projet encadré par un chercheur. C’est essentiel, car c’est à partir du moment où les élèves s’approprient des questions avancées que leur potentiel se révèle. Ils « décollent » et sortent d’une approche scolaire pour véritablement s’approprier la matière et développer leurs appétences scientifiques. Notre rôle est justement de les accompagner dans ce cheminement et dans cette autonomie de pensée.
 

PSL : Le Master propose une spécialisation progressive avec 3 parcours en première année, et 5 en deuxième année. Pour un étudiant qui s’intéresse aux mathématiques au sens large, comment guider son choix vers l’un des 3 parcours ?

MH : Le principe du Master est d’ouvrir de larges horizons dans l’enseignement des Mathématiques pour que justement en M1 les élèves puissent s’orienter plutôt en fonction de leurs intérêts disciplinaires qu’en fonction d’un choix professionnel préétabli et souvent un peu arbitraire. Bien sûr, certains étudiants vont se spécialiser très vite car ils savent qu’ils veulent s’orienter par exemple vers l’Actuariat (parcours Mathématiques appliquées en M1 et parcours Actuariat en M2) ou bien plutôt vers la finance (parcours Mathématiques de l’Assurance, de l’Economie et de la Finance (MASEF) en M2) par exemple. D’autres vont privilégier des approches interdisciplinaires, comme le propose le parcours Mathématiques Apprentissage et Sciences Humaines en M2, qui permet notamment de se former à la science des données. L’essentiel est avant tout pour eux de s’épanouir ; je connais par exemple le cas d’un étudiant qui voulait faire du machine learning et avait hésité avec une carrière de recherche académique. Il a été embauché, après une thèse CIFRE, dans une start-up spécialisée dans le web traffic management. Une belle réussite de mathématiques appliquées : il travaille au cœur des problématiques du web tout en gardant un lien fort avec la recherche académique.

PSL : Comment recrutez-vous vos étudiants et quelles sont selon vous les qualités qui peuvent faire la différence entre les candidats ?

PB : En M1, nous recrutons des étudiants issus de PSL (Licence Mathématiques appliquées de Paris-Dauphine, CPES spécialisation mathématiques, ENS) ou de l’extérieur. Pour l’entrée en M2, les parcours recherche attirent également un flux important d’étudiants internationaux. De manière générale, notre principal critère de recrutement est le niveau en Mathématiques, qui doit bien sûr être excellent quel que soit le parcours envisagé.
MH : Pour les parcours professionnalisants, et notamment pour la formation à l’Actuariat, il faut garder à l’esprit un élément important : sur les cinq formations similaires qui existent en France, le Master Mathématiques et applications est la formation la plus « matheuse ». Les candidats doivent donc avoir un niveau et une motivation suffisants pour suivre cette formation. Mais, et ce n’est pas moi qui vais vous dire le contraire, c’est passionnant ! Et nous avons 100% d’embauche à la sortie du Master dans des métiers d’actuariat classique, mais aussi dans des métiers impliquant du machine learning et des compétences en modélisation.

PSL : Quel sera votre message de bienvenue aux futurs recrutés ?

MH : Libérez-vous des enjeux professionnels, vous allez pouvoir faire des maths et si vous êtes là, c’est que vous aimez la discipline, alors laissez-vous guider par vos envies, elles vous conduiront vers des métiers passionnants.
PB : Oui, prenez-vous en main et profitez du contexte favorable ! Faire des maths au cœur de Paris, au plus près des plus grands chercheurs du domaine, c’est une formidable opportunité !

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