Intervenants à la conférence MSCA - Claude Grison

Claude Grison dirige le laboratoire de Chimie bio-inspirée et d'Innovations écologiques à l'Université de Montpellier (ChimEco, France), qui se consacre au développement de nouvelles solutions écologiques et d'outils chimiques innovants pour la chimie de demain.

Claude Grison est la pionnière du concept d'écocatalyse, qui représente une avancée majeure à l'interface entre l'écologie et la chimie. Le développement de l'écocatalyse a créé un changement de paradigme dans la chimie durable et verte : il devient possible d'aborder la transformation des métaux nobles et de transition d'origine végétale en catalyseurs verts. Ces nouveaux matériaux catalytiques polymétalliques ont été utilisés en synthèse organique pour générer plus de 5 000 molécules biosourcées qui peuvent se substituer aux produits chimiques traditionnellement dérivés du pétrole. Ils permettent d'accéder à des molécules à haute valeur ajoutée pour la chimie fine et industrielle (parfums et cosmétiques, médicaments, oligomères d'intérêt biologique et intermédiaires clés de procédés chimiques durables).
Ces résultats ont permis de créer 3 start-ups : Stratoz, Bioinspir et Bioprotection Laboratory.

Claude Grison a signé ou cosigné plus de 211 articles scientifiques et déposé 44 brevets, elle a reçu 10 prix pour l'innovation.
Enfin, Claude Grison a été élue membre de l'Académie européenne des sciences en 2021 et est également membre de l'Académie nationale de pharmacie.

Dans la conférence MSCA 2022, elle interviendra lors du quatrième atelier, consacré à la mise en œuvre de la Charte verte de MSCA dans les projets de recherche.

 


 

Interview éclair

Claude Grison nous parle de ses travaux et de sa participation à la conférence.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quoi travaillez-vous ?

Je suis directrice de recherche au CNRS. Je dirige le Laboratoire de Chimie bio-inspirée et Innovations écologiques (Université de Montpellier - CNRS), qui se consacre à la mise en œuvre de nouvelles solutions écologiques et d'instruments chimiques innovants au service des ambitions de la chimie à venir.
Je possède une expertise approfondie en chimie durable et en restauration écologique, qui ont permis des applications concrètes en Nouvelle-Calédonie et en France. Cette utilisation unique et la récupération de ces phytotechnologies portent le nom d'écocatalyse. Cette spécialité s'appuie sur l'exploitation originale d'espèces métalliques, issues de végétaux, pour en faire des catalyseurs bio-sourcés en chimie durable. Ce procédé permet de concevoir et de synthétiser les premiers écocatalyseurs ouvrant la voie à un avenir plus durable et plus écologique. Cette approche mène à la préparation de biomolécules à travers une stratégie écoresponsable et inspirée par la biologie. Les résultats obtenus prouvent que ces nouveaux systèmes catalytiques présentent un potentiel immense dans l'avenir. Il s'agit d'une approche mondiale d'écologie scientifique et de chimie qui, désormais, constitue le moteur d'un réseau international associant des partenaires tant publics que privés et débouche sur la création de trois jeunes entreprises innovantes.
 

Vous participez à la conférence dans le cadre de la mise en œuvre de la Charte verte de MSCA dans les projets de recherche. quelle importance ce thème revêt-il à vos yeux ?

Dans le cadre de la crise écologique et sanitaire, mes recherches s'orientent vers une nouvelle approche interdisciplinaire de la chimie, susceptible de créer des perspectives différentes pour l'avenir. Nous visons à intégrer la chimie verte et durable dans la résolution des problèmes écologiques. Aujourd'hui, cette discipline vise seulement à la recherche de procédés de synthèse plus « propres » alors qu'elle est porteuse d'ambitions bien plus vastes ; en effet, du point de vue de ses fondamentaux, elle est capable de contribuer, en synergie avec l'écologie scientifique, à la résolution de problèmes environnementaux majeurs et à s'articuler avec les systèmes d'économie circulaires proposés par les Objectifs de développement durable.
J'ai décidé de prouver que cette nouvelle forme de chimie peut jouer un rôle clé pour relever les défis du changement climatique, du déclin de la biodiversité, de la pollution des sols, des rivières et des eaux souterraines ainsi que de la multiplication des espèces animales et végétales invasives d'origine étrangère. Cette approche se fonde sur un nouveau concept, celui de rassembler la nature, l'écologie et la chimie.
 

Vous avez aussi manifesté de l'intérêt envers l'atelier sur la science et la société. Pensez-vous que la mise au point de technologies plus durables peuvent renforcer les liens entre le monde de la recherche et la société civile ?

Nous avons besoin au plus vite de réponses concrètes face aux évolutions économiques et écologiques qui s'annoncent. Les technologies vertes, durables et écologiques peuvent en proposer, tout en tenant compte de la dégradation des écosystèmes, de l'accès limité aux ressources, de l'économie sociale et du respect pour la nature.
Je suis convaincue que nous devons devenir davantage que des chercheurs : des chercheurs civiques. Nous devons être force de proposition dans les réflexions et les actions concrètes pour contribuer à résoudre les graves problèmes environnementaux actuels et pour développer notre société de manière harmonieuse et durable.
 

Aux yeux du public, l'industrie chimique représente une source majeure de pollution. Comment réconciliez-vous la chimie et l'écologie à travers vos travaux ?

Je voudrais prouver que l'écologie scientifique peut agir comme moteur d'une chimie verte et durable qui œuvre à la fois pour la prévention et la résolution des problèmes environnementaux actuels !

Le public pense, à raison, que l'industrie chimie était et demeure encore une source majeure de pollution.
Je voudrais prouver que l'écologie scientifique peut agir comme moteur d'une chimie verte et durable qui œuvre à la fois pour la prévention et la résolution des problèmes environnementaux actuels !
Confrontés à l'épuisement des ressources naturelles et au déclin de la biodiversité, les recherches aux interfaces de l'écologie et de la chimie peuvent conjuguer la renaturation et la chimie durable pour susciter de nouveaux modèles économiques et écoresponsables au XXIè siècle. Par exemple, l'un des objectifs de mes travaux consiste à prouver que la production innovante et durable de matières brutes primaires, issus de la renaturation, peuvent représenter une avancée dans le domaine chimique et peuvent ouvrir la voix à une « chimie écologique ».
 

 

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