Intervenants à la conférence MSCA - Olivier Dauchot

Olivier Dauchot est le directeur du laboratoire CNRS Gulliver, ESPCI-Paris PSL.

Ses travaux de recherche portent sur l'étude des effets collectifs dans la matière molle. Son intérêt général est  de développer des expériences modèles pour étudier la matière molle et les effets collectifs. Développer des collaborations avec des équipes de recherche théorique est une de ses marques de fabrique.
Il se concentre actuellement sur la matière active, la matière programmable et les systèmes vitreux.
Avant cela, Mr Dauchot dirigeait le groupe de recherche "Instabilités et turbulences" au CEA Saclay. Il y a apporté des contributions significatives dans l'étude des dynamiques de transition de "Jamming" et de la transition vitreuse dans les milieux granulaires, ainsi que dans celle des mélanges chaotiques ou de la transition vers la turbulence.

Il dirige également les activités de partage des savoirs de l'université Paris Sciences et Lettres (PSL), ce qu'il voit comme un aspect essentiel de la recherche scientifique.
Dans les années 90, il a fondé Internet Way, un des premiers fournisseurs d'accès à internet en France, plus tard vendu à UUNET-Worldcom.

Dans la conférence MSCA 2022, il interviendra lors du troisième atelier, consacré à réduire le décalage entre la recherche et les citoyens.

 


 

Interview éclair

Olivier Dauchot évoque ses travaux et sa participation à la conférence.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quoi porte votre travail en ce moment ?

Je suis un physicien travaillant dans le domaine de ce qu'on appelle la matière molle, là ou les effets relativistes et quantiques peuvent être ignorés sans risque. Pensez à tous les matériaux que vous pouvez rencontrer dans un supermarché : liquides, mousses, émulsions, grains...
Actuellement nous travaillons sur des modèles expérimentaux de nouveaux matériaux, des sortes de matériaux élastiques avec de petits moteurs fonctionnant à l'intérieur du matériau. Ils sont inspirés des systèmes biologiques, comme les tissus, qui sont d'un côté élastiques, mais qui contiennent aussi un machinerie complexe composée de cellules vivantes.

A cause de cette activité contenue dans le matériau, il présente des propriété très étranges. Il oscille spontanément ou se déforme. Il a également des réponses particulières aux stimuli extérieurs. Tous ces effets sont communément présents dans les systèmes biologiques, mais pas si bien compris.
Notre recherche à deux axes. D'un côté, en concevant des modèles de systèmes expérimentaux, nous pouvons mieux comprendre de nouveaux mécanismes fondamentaux, et d'un autre côté, en s'inspirant des systèmes biologiques, nous pouvons imaginer et concevoir de nouveaux matériaux aux propriétés intéressantes.
 

Vous participez à la conférence dans le cadre de l'atelier sur le lien entre science et société, quelle importance ce thème revêt-il à vos yeux ?

En tant que chercheur, j'ai été entraîné à observer le monde, me poser des questions sur son fonctionnement. Cela m'a souvent donné d'être émerveillé par ses multiples mystères et beautés. Cette relation au monde qui nous entoure est une source de joie permanente.

J'ai participé à beaucoup d'événements de valorisation de la recherche scientifique, et au delà du contenu scientifique, c'est cette relation à l'inconnu que j'ai essayé de transmettre aux publics que j'ai cotoyés. J'ai envie de partager cette capacité, que je vois comme un grand privilège.
 

Les chercheuses et chercheurs, expertes et experts, devraient-il se mettre à la place du citoyen pour communiquer la science ? Quelle est votre expérience à ce propos ?

La communication de la science en elle-même devrait être le résultat du travail conjoint entre le médiateur et le chercheur.

Comme j'ai essayé de le dire en répondant à la question précédente, il ne s'agit pas tant de communiquer la science que de communiquer son attrait pour l'inconnu, le plaisir de la découverte, et à quel point cela peut être dur parfois. Cela ne peut être fait que par ceux qui l'ont expérimenté.

La communication de la science en elle-même devrait être le résultat du travail conjoint entre le médiateur et le chercheur. Le chercheur seul pourrait ne pas trouver les bon mots ou les bonnes images pour illustrer ses connaissances scientifiques. De façon similaire, le médiateur seul pourrait ne pas capturer l'essence du résultat scientifique en lisant simplement des articles scientifiques. Cet échange entre le médiateur et le chercheur avant de communiquer la science, est réellement nécessaire, et souvent très riche, mais cela prend du temps, beaucoup de temps...
 

Selon vous, la science peut-elle être totalement transparente au public ?

Oui bien-sûr. La science en elle-même n'a rien à cacher. Promettre des applications à la sciences ou faire des prédictions sur l'utilisation future de telle ou telle innovation est autre chose, et certainement plus de la science.
 

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