Explorer en temps réel les mécanismes de la vie à l’échelle de la molécule

PSL : Comment a démarré l’aventure et quelles ont été les principales étapes de son développement ?

L.L : The Twinkle Factory, c’est d’abord la rencontre entre trois chercheurs, Arnaud Gautier, chémobiologiste, alors à ENS - PSL, maintenant à Sorbonne Université, Ludovic Jullien, physico-chimiste, à ENS - PSL, et Franck Perez, biologiste, à l’Institut Curie. C’est aussi une technologie hybride dont l’invention et le développement requièrent de l’évolution dirigée pour concevoir les tags protéiques FAST, splitFAST et leurs variants, mais aussi de la synthèse de petites molécules, les TFFluorogènes, et de la biologie cellulaire pour les applications. C’est enfin un travail académique ambitieux, commencé en 2014, accéléré par l’obtention par Arnaud Gautier en 2016 d’un financement ERC (projet Fluoswitch), concrétisé en trois familles de brevets en cours de déploiement mondial. La création de la société Twinkle Bioscience en 2017 est le fruit d’un long processus de maturation mené avec bienveillance et professionnalisme par PSL - Valorisation, un vrai travail de maïeutique*  ! Une fois la décision prise, il ne restait plus alors qu’à trouver un entrepreneur et foncer ! La société détient aujourd’hui une licence exclusive sur les brevets issus des laboratoires des chercheurs-fondateurs. Ces brevets sont gérés par PSL, qui est aussi actionnaire de Twinkle. Les ventes ont commencé en 2019 et, fin 2020, The Twinkle Factory compte 120 équipes clientes dans 20 pays.

* La maïeutique, du grec ancien μαιευτική / maieutikế, par analogie avec le personnage de la mythologie grecque Maïa, qui veillait aux accouchements, est une technique qui consiste à bien interroger une personne pour lui faire exprimer (accoucher) des connaissances.

PSL : Pourriez-vous rappeler en quelques mots le pitch de The Twinkle Factory ?

L.L : FAST permet de voir l’invisible ! C’est une technologie de marquage fluorescent des protéines. Utilisée en microscopie ou en cytométrie pour observer des cultures de cellules ou des microorganismes, elle permet de déchiffrer les mécanismes de la vie à l’échelle de la molécule, en temps réel, in vivo. FAST permet un marquage instantané, réversible, multicolore. Cette combinaison unique a permis une diffusion rapide dans les laboratoires académiques de biologie cellulaire et de microbiologie du monde entier et plus récemment dans les laboratoires de l’industrie pharmaceutique. En effet, à terme, FAST et ses variants comme splitFAST permettront d’accélérer considérablement les phases exploratoires de la découverte de nouveaux médicaments.
FAST est une technique chémobiologique, c’est-à-dire qu’elle combine l’ingénierie génétique et les outils de la chimie. C’est fascinant. Consultez le site de The Twinkle Factory pour en apprendre davantage !

PSL : Existe-t-il des liens forts entre The Twinkle Factory et les laboratoires de recherche des co-fondateurs (ENS - PSL, Institut Curie, Sorbonne Université) ?

L.L : Oui, bien sûr ! Arnaud Gautier, Ludovic Jullien et Franck Perez poursuivent des travaux destinés à étendre le champ applicatif de la technologie FAST et en réservent le droit exclusif à The Twinkle Factory dans le cadre de contrats de collaboration. Cette technologie se révèle en effet extrêmement riche de par les possibilités de modification des TFFluorogènes et des tags protéiques. Ces modifications portent sur la diversification spectrale et l’amélioration de la brillance des tags, ou la possibilité d’utiliser un même tag avec des TFFluorogènes de couleurs distinctes par exemple. Les laboratoires de recherche des co-fondateurs sont par ailleurs engagés dans le développement de technologies distinctes de FAST mais relevant du cœur de cible de The Twinkle Factory qui pourraient prochainement donner lieu elles aussi à un transfert.

PSL : Vous étendez actuellement votre activité en Chine, pouvez-vous présenter en quelques mots l’intérêt pour The Twinkle Factory de ce développement et le profil de vos interlocuteurs ?

L.L : Laissez-moi commencer par une banalité : la Chine est aujourd’hui un acteur incontournable de la recherche en sciences de la vie, qualitativement et quantitativement, en cours d’intégration dans l’écosystème mondial. Au bout d’un an d’activité, nous vendions nos réactifs dans une quinzaine de pays, incluant déjà Singapour, le Japon et la Corée pour l’Asie. La Chine était devenue une évidence. Mais l’appui sur des intermédiaires et distributeurs y est impératif, et rajoute une complexité.
C’est le Covid qui a été le déclencheur de cette aventure. En effet il a vite été clair que l’activité repartirait plus vite en Chine que dans le monde occidental. Profitant des quelques semaines de repos forcé du premier confinement, nous avons alors commencé à chercher des distributeurs. Ce qui est formidable avec la Chine, c’est la rapidité. En mai, nous signions un memorandum of understanding avec Zhengzhou Maxcare Biotech, un distributeur de réactifs de la province de Henan. En juin, nous expédiions les premiers tubes de TFFluorogènes. En juillet, les premiers réactifs étaient livrés à l’université Tsinghua et à l’Académie chinoise des sciences !

PSL : Quelles sont vos perspectives pour l’année qui vient ?

L.L : 2021 va être une année-clé pour The Twinkle Factory. Au bout de deux années, nous avons plus de 120 clients dont une quinzaine d’équipes dans les universités du Top 20 du classement de Shanghai. Nous attendons en 2021 leurs premières publications basées sur notre technologie. Ce sera un formidable booster pour notre visibilité et nos ventes !
Au-delà, nous sommes en train d’évaluer plusieurs opportunités pour dupliquer le succès de FAST et splitFAST avec d’autres technologies innovantes aussi scintillantes.